La femme selon Angel Olsen…

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CHRONIQUE – Les variations d’intensités de My Woman, le troisième opus d’Angel Olsen, laissent entendre une artiste complète, dont le folk n’est plus la seule arme pour traduire les désillusions comme les espoirs.

Révélée dès 2011 aux côtés de Bonnie Prince Billy, la singer-songwriter américaine vole depuis de ses propres ailes. Sa voix délicieusement rétro, qui s’était jusqu’à présent illustrée au fil de chansons folk lo-fi plutôt intimistes, hantées par une profonde tristesse, apparaît désormais beaucoup plus polyvalente, servant avec talent l’éventail d’influences musicales de My Woman que produit Justin Raisen (Sky Ferreira, Santigold…). En charge d’assurer la transition en douceur, la mélodie pop méditative de « Intern » délaisse d’ailleurs la guitare pour les claviers, avant qu’un son country-rock sixties berce rapidement  « Never Be Mine », comme la complainte d’une jeune fille sans cavalier à son bal de fin d’année. La première partie du disque s’anime ainsi dans ce même esprit vintage avec « Shut Up Kiss Me », témoin de l’exaspération de la même fille qui conduit Olsen vers des sonorités plus grunge sur « Give it Up », rappelant étonnamment la façon de chanter de Courtney Love à ses débuts sur l’excellent « Not Gonna Kill You ».

La seconde partie de l’album est en revanche beaucoup plus calme, passé le slow mélancolique « Heart Shaped Face », de facture assez classique. Dès lors, plus proche de Dolly Parton, Judy Garland ou Cat Power, la chanteuse enchaîne des ballades, non sans varier les orchestrations. Véritable morceau de bravoure, « Sister » s’étire ainsi sur une durée de 7 minutes à l’instar de « Woman », deux chansons qu’elle n’a pas enregistrées live à l’inverse de toutes les autres, pour opposer un côté country-rock à une pop douce-amère, avant de les achever dans un crescendo de notes de guitares saturées.

Entre-temps, la jolie nostalgie du titre « Those Were the Days » s’est avérée une respiration soul-jazz presque guillerette, car le final que réserve Angel Olsen d’une voix déchirante sur quelques accords rugueux de piano confère à « Pops » autant de poids que de légèreté pour réveiller de vieux démons entre espoir et tristesse. J.G.

Angel Olsen My Woman (Jagjaguar/Pias)

Note : 🙂  🙂  🙂  🙂